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Non, il n'y a pas erreur dans le titre..!
Voici le récit de notre première vraie partie de pêche "aventure", quand j'étais encore bourré d'idées reçues et de "bons" conseils glanés ici et là dans tous les magazines lus. J'en rigole encore !
D'abord, il faut préciser qu'a l'époque, nous étions de vrais débutants, des vrai de vrai ! Matériel dépareillé de récup', adulant les boilies "Mosella", apprenant par coeur tous les articles halieutiques et voulant les mettre en pratique dans un étang communal d' 1 hectare, etc. Nos seuls résultats étaient un petit amour pour Joe et de nombreux carpeaux pour moi. D'ailleurs je n'arrêtais pas de le chambrer vu les multiplications à effectuer pour qu'il atteigne mon poids total de prises (ce qui est encore vrai aujourd'hui d'ailleurs !!)! Enfin bref, largement de quoi affronter les grands lacs ! 1999... Début Juillet... Puis vient enfin le départ, peut-être le jour le plus attendu de ma vie ! Joe refoule même sa peur des grands trajets pour l'occasion ! Arrivée le soir, préparation ardente des montages et des sacs dans le garage, puis révasserie habituelle : et si on ne trouve pas de poste marqué, on pêche où ? On amorcera où ? Comment ? Quoi ? Quelle distance ? Moi je pense mettre 2 lignes à la bouillette, et toi ? Oh, non je pense pas qu'il faille perdre son temps avec le maïs etc. Lendemain, rendez-vous médical, ou Joe s'emmerde quelques heures, j'éspère que ça lui aura servi à affiner notre stratégie... Et , en rentrant, on passe bien entendu par le lac... Enfin... Pour choisir le secteur à prospecter : je ne connais que 4 routes menant au lac, points de départ obligés : barrage, plage , ça ne me dit pas, "Celles", un poste marqué à 150 m du bord (trop loin!), et puis de gros pro, qui ont même 4 cannes identiques, doivent siéger .... Reste donc une petite plage secondaire, éloignée de tout, qui me semble idéale pour ce que l'on veut en faire... On longe le lac, ça me fait bizarre, car c'est la 1re fois que je le regarde en sachant que je le pêcherais bientôt, avec un regard de traqueur en fait ! Traqueur de poste pour l'instant. Ca y est , plage, arrêt, premiers pas de pêcheurs au bord du lac... C'est une baie, à droite une rive de sable avec un gros biwy. Un peu pédant, on se dit : "Ca c'est bien du genre à se foutre là juste parce que c'est au cul de la voiture, pas du genre sérieux, un petit amateur..." On va donc chercher à gauche, parce que nous, on met en pratique ce qu'on lit : il faut réserver une journée de repérage ! (d'ailleurs ce fut la seule chose utile mise en pratique à partir d'un magazine !) Alors nous commençons à marcher, ma mère conciliante attend... La première chose à faire, c'est de s'éloigner des baigneurs de la plage ! Mais déjà viennent des obstacles à la marche: un petit ruisseau, puis de la guarrigue, et des pentes de 40 degrés à traverser, qui nous inquiètent pour transporter le matos à pied demain ! Mais on commence enfin à voir des petites baies ou criques bien prometteuses ! Puis la révélation : un îlot nous crève les yeux ! Il se tient à 20 m du bord à l'entrée d'une grande baie, premier sur la liste des postes! De plus une pointe ferme la baie et ouvre sur une deuxième ensuite. On continue toujours la recherche, on voit beaucoup de postes, surtout des places à l'ombre, mais c'est globalement ensuite une rive sans poste marqué, on commence à être loin, quand on voit un biwy à 100 m... "On va le voir pour savoir si ça mord ?" "Oui, mais on lui dit quoi ? Je sais pas, tu lui parles alors!" Oué non alors !" Après réfléxion, il était évident que notre statut de petits pêcheurs ne nous permettait pas d'aborder un vrai carpiste, alors remplis de regrets nous rebroussons chemin.... On revoit les postes déjà vus, mais l'île reste en premier ! Surtout que quelqu'un peut se placer d'un côté de la pointe pour l'île, et l'autre dans la baie de l'autre côté... Mais reste un problème, que j'ose enfin abordé : "Qui se met du côté de l'île ?" Poste pour moi évident que je veux absolument, alors Geoffray aussi sûrement... Mais non, Il préfére l'autre baie... La session commence parfaitement!
Le lendemain matin, on se lève tôt, puis enfin, nous sommes au bord du lac avec du matériel pour en découdre ! Et là commencent les hostilitées.... Nous avons chacun 1 gros sac + un fourreau, à l'époque ça nous paraissait beaucoup! Et dans ce cas ça l'était effectivement puisque nous devions faire un parcours du combattant (notamment traverser des pentes à 40° surplombant le lac), mais enfin après 30 minutes de marche, nous arrivons à bon port !
Là je mets en place une technique assez basique : boilies maison aux fruits contre l'île avec du maïs, boilies denses du commerce dans le prolongement peu profond de l'île et flottante boostée au milieu entre l'île et la berge, où je sens le plomb descendre longtemps : il doit y avoir de l'eau! Je compte mettre une quatrième plein large, mais la canne est pourrie, le fil aussi, et ça se finit par une casse avec tout le montage, j'abandonne! Commence l'attente.... Malgré la chaleur étouffante à l'abri, nous sommes en plein vent sur une pointe, et nous n'avons pas chaud du tout! Pour se protéger Joe va même jusqu'à construire un "mur" en entassant des pierres, qu'il aura quand même fini au bout des 3 jours!
Mais pas d'activité, que des vagues, des vagues... Dans l'après midi je commence quand même à m'inquièter des marques rouges sur mes jambes, bien que je ne sente encore rien. Bref, 20h, ma mère va bientot venir nous récupérer , il est temps de plier. Déjà que c'est frustrant de plier à la nuit, alors imaginez plier avant le coup du soir! De retour le lendemain matin, nos jambes nous font horriblement mal, car ce qui devait arriver arriva : nous avions tous les deux des énormes coups de soleil bien rouges. Mais nous ne changeons pas de poste, nous resterons sur cette pointe, sans ombre à moins de 100 m! Après avoir lancé comme la veille, nous nous badigeonnons de partout de crème solaire, mais cela ne fait pas de miracles, alors commence le rituel : je vais dans l'eau jusqu'à avoir trop chaud (car c'est à l'abri du vent) mais ca calme les coups de soleil, puis je me mets au vent jusqu'à sentir le soleil cuire ma pauvre peau... Toute une journée comme cela sans ombre, ça fait long! En effet nous ne voulons pour rien au monde nous éloignez de nos cannes... Comme il n'y a aucune manifestation de carpes, nous nous occupons autrement, par exemple Joe à la jumelle distingue des naturistes sur la berge en face, mais vu les jumelles et la distance je ne vois pas grand chose... D'ailleurs c'est à partir de là qu'il ne viendra plus en session sans téléscope (carrément!) ! Dans l'après midi je vois un petit catamaran s'approcher au large, il vient de plus en plus vers nous, mais je ne me fais pas de soucis, je suis dans une baie au fin fond du lac, et je pêche à 30 m du bord... Mais bien entendu, il passe en plein entre ma berge et "mon" île, en embarquant 2 lignes, deux méga départs, et le pilote, pas un regard pour nous, tête vers l'avant, il fait demi tour autour de lîle et repart... GRRRRR... La pêche n'apaise pas toujours les esprits!!!!! Quand à Joe, il a la chance de se trouver juste en face (à + de 800 m du camping tout de même) de la piste d'élan des planches à voile, et face au vent... Et bien entendu tout les véliplanchistes attendent bien d'être dans la baie à 50 m du bord avant de faire demi-tour.... Je n'ose imaginer les conditions si l'on pêchaient à grande distance! L'après midi touche à sa fin et aucune activité (pisciaire en tout cas!) n'a troublé la journée... Quand le son d'un détécteur retentit... Mes cannes, mes cannes!.. Ah non, rien ne bouge, demi-tour, c'est chez Joe! Il est déjà après sa canne courbée, ça tire, ça tire, le frein crisse le fil part. Nous savons qu'il y a un arbre immergé en plein où il pêche, je crie : "Arrête, tiens ton frein, bride, donne pas de fil, tient la, faut pas qu'elle parte, bon dieu mais bride!!!", ça ne fait rien, il n'ose la tenir...Et là, c'est le drame : tanquée!!!! Aïaïaïe ça fait mal! Des coups de cannes à gauche, à droite au milieu, mais rien n'y fait... Un vrai départ, quelque chose qui tire... On avait jamais vu ça! Que peut-il y avoir au bout?? il n'y a plus qu'une façon de le savoir... La nage! Seule solution pour changer l'angle du fil. Au début Joe part sur la gauche, il y a peu de fond et il a pied, mais après un moment on ne peut que constater l'immobilité constante du fil! A ce moment je crois que je n'osais plus rien dire... En effet que conseiller? "Je vais nager au dessus." Quoi? il veut aller nager là-bas devant, où on ne sait même pas ce qu'il y a au fond? Ca me parait tout autant être une bonne solution qu'être irréel! Mais je le vois avancer peu à peu en nage indienne syncopée, la canne dépassant de l'eau! Une fois à l'aplomb je le vois gigoter des bras, la canne balancée de gauche à droite et sa tête disparaissant de temps en temps sous l'eau. Sur le moment (et même maintenant quand j'y repense) un chose m'inquiètait : l'arbre noyé doit être couvert de moules coupantes comme des rasoirs. Et si en nageant ses jambes passent la-dessus???? En tout cas Joe avait vraiment l'air fatigué dans l'eau.... Il commence à revenir près de la berge doucement, et quand il accoste en soufflant, me dit qu'il a cassé..... Injuste! Qui a dit que les efforts sont toujours récompensés???? Pour l'instant, la nuit étant prête à tomber, Joe doit s'armer de courage pour se sécher en pliant ses affaires, puis pour affronter le trajet du retour. Ca sera pas la fête ce soir là, mais c'est tout de même une note positive pour le lendemain. Ouille, dur de trouver une position apaisant les coups de soleil!
Le lendemain matin, nous sommes de retour sur le poste. Nous sommes las de tous ces voyages, difficultés et douleurs, mais motivés grâce au départ de la veille, et stressés car c'est aujourd'hui ou jamais! Aïe les jambes, les bras... Et le reste! Dans la fraîcheur du matin c'est tenable, mais nous savons que dans moins d'une heure il fera déjà trop chaud! Le vent empire, la douleur aussi, et pas de départ du matin. Nous avons quand même la surprise de voir débarquer une barque avec un pêcheur au coup qui s'installe un peu plus loin dans "ma" baie. Comme quoi même au fin fond d'un lac loin d'un chemin la tranquillité n'est pas de mise! L'après midi s'écoule, quelques grosses rafales nous permettent d'oublier les brûlûres quelques instants. Tandis que joe est venu de mon côté une rafale encore plus grosse passe, ce qui inquiète mon co-équipier! Mais que peut-il arriver de toutes façons!? Il ne résiste pourtant pas et va vérifier ses cannes. Il a bien fait! Son rod-pod est completement renversé et à moitié dans l'eau! Les détécteurs ont dûs sonner, mais le vent faisait tellement de bruit que l'on n'avait rien remarquer! La journée, encore une fois passe tranquillement. Quelques nuages apparaissent, le ciel s'assombrit brièvement, bref répis dermique! Mais l'absence de bip commence à nous dépiter... En effet c'est le moment ou jamais! Puis, vers 17h... Biiiiiiiiiiiiiiiiip !! Qu'arrive t'il encore? Je regarde mes cannes, c'est bien chez moi! La canne du milieu là, quelque chose tire dessus! Hop, je fonce et ferre, ça tire! Ce qui suit représente un doux rêve pour moi! Mon premier combat avec une "vraie" carpe, premier départ ailleurs que sur "mon" petit étang communal n'abritant que des carpeaux! En fait je n'ai que de vagues souvenirs de ce combat! Je me souviens que je ne voyais absolument pas mon fil, un nuage passait à ce moment là et c'etait un fil sombre. Je me suis juré de ne plus jamais m'équiper que de fils fluo dans le futur, et j'ai tenu promesse! Elle va vers le large, je sais bien que les fonds sont minés, et qu'il est facile de se faire couper, alors j'ai vraiment peur que d'un coup ma canne se redresse! Une peur qui atteint le ventre, comme dans la salle d'attente du dentiste (quelle image!!). Elle arrive enfin dans l'épuisette. Wouah, elle est belle! Je peux prendre le temps de la regarder. La pesée indique 6.5 kg... La carpe qui sans doute m'a le plus marquée jusqu'à aujourd'hui! Une joie de la capturer, où la pesée n'est pas intervenue du tout! Pour moi, c'était une grosse carpe, bien au dela des carpeaux de 2 kg habituels! La pesée, la photo, la remise à l'eau, tout est magique! Tout se vivra "sur un nuage", le sourire imprimé aux lèvres...
Le retour est rude, bien que le matériel pèse moins lourd cette fois... L'effet magique durera encore quelques temps, puis s'estompera, me poussant à le rechercher encore et encore.... Peut-être encore aujourd'hui ce qui me pousse au bord de l'eau est la volonté de revivre ne serait-ce que quelques instants un moment comme celui-ci... Mais peine perdue, aucun poisson n'a pû encore le surpasser. Je vous souhaite sincèrement à tous de vivre un moment comparable, dans le respect du poisson bien sûr! Mais je suis sûr que la plupart d'entre vous l'on déjà vécu et en sont nostalgiques... Même les plus butés doivent se rappeller de leurs débuts et savoir que le bonheur à la pêche n'est finalement pas ce que l'on peut croire... La plénitude peut arriver au fin fond d'un lac, sans gloire ni gros poisson...
février 2005 |
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