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J’ai depuis longtemps eu envie d’écrire cet article, constat tiré de mes 9 années de peche de la carpe. Je pense etre passé par tous les stades, et me trouves aujourd’hui a l’extrémité de ma premiere approche. J’aimerais que ce texte servent aux plus jeunes d’entre nous, ceux a qui ils restent encore tout a construire, juste pour les avertir des méfaits de notre passion. Oui des méfaits vous avez bien lu. Voila certainement le texte le plus original concernant le monde de la carpe, simple fruit de mon expérience et de l’analyse qui en est faite. En aucun cas je ne prétends détenir la vérité, je donne simplement mon avis, essaye de décrypter les tares de notre passion, tout en avertissant les plus jeunes. Vous ne serez peut etre pas en accord avec ce que je vais dire, mais vous le serez peut etre dans quelques années. Pour bien commencer, je vais vous faire partager ces 9 dernieres années de ma vie afin que vous compreniez mon point de vue, ensuite je partagerais ma réflexion sur les problemes des pecheurs de carpes, a savoir le phénomene « belles peches » ainsi que le phénomene d’appropriation. Je finirais par une synthese de tout ces éléments, et espere vous faire ouvrir un peu les yeux sur les méfaits apportés par notre passion commune : la peche de la carpe.
J’ai eu le choix entre plusieurs titres et je vais tout de meme vous faire profiter de ceux ayant traversé mon esprit :
Ce dernier me plait enormement mais ne reflete que mon seul point de vue, j’ai donc choisi un titre moins fataliste et plus representatif. Avant de commencer mon analyse, je vais commencer par vous présenter ces 9 dernieres années de ma vie de pecheur de carpes. Tout a commencer au bord de Saône bien évidement ! J’avais 15 ans et je pechais au coup au sud de Mâcon. J’ai pris un petit silure quand une personne arriva derriere moi et fut intrigué de voir pour la premiere fois un silure. Ce prof bien sympathique était venu pecher la carpe quelques jours, et j’irais l’admirer en action de peche les 3 jours suivant. Voila le déclic. J’ai ensuite passé une année a me renseigner sur les techniques, les appâts, les lieux, sans jamais oser me lancer a pecher la carpe, les endroits pres de chez moi n’étant pas des plus simples pour débuter sereinement. Une année plus tard, j’allais rencontrer Koyrus a l’école. Je me souviens encore etre en fond de classe avec lui a faire des plans des différents plans d’eaux et a élaborer des stratégies en tout sens. N’empeches que nous irons tout de meme pecher le lac du Salagou 3 jours avec une premiere vraie carpe pour Koyrus : 6kg tout de meme. Je dis premiere vraie carpe puisqu’il peche des petits étangs communaux pres de chez lui ou les carpes ne font que quelques kilos mais lui permettent de faire des débuts tres formateurs. De mon côté, je pechais dans des eaux proches de chez moi mais moins évidents : la Saône et la graviere de Cormoranche ou je ne ferais qu’un amour blanc.
Pendant ces 2 premieres années, je passerais l’intégralité de mon argent et de mon temps pour la peche de la carpe. Je ne pensais qu’a ça, obsédé par ce poisson et je ferais meme quelques premiers résultats dans la graviere. Vite lassé par les eaux stagnantes de cette base de loisir, je ferais alors un pas presque irréversible : la peche en Saône. Pendant pres de 3 années, en pleine adolescence, je vénere dame carpe et ne comprends pas mes camardes de classe qui pensent aux foot et aux filles. Je connais beaucoup d’échecs mais suis toujours plus motivé chaque jour et clame l’incompréhension des autres jeunes qui ne conçoivent pas une vie au bord de l’eau. Au bout de 4 ans, sans savoir pourquoi, j’ouvre enfin un petit peu les yeux et m’aperçois qu’il y a une vie ailleurs : les amis et la fete et tout un tas de choses toutes aussi interessantes. C’est certain que les sorties se sont faites petit a petit, mais j’ose enfin admettre que la carpe ne rythme plus entierement ma vie. J’ai entrouvert les yeux sur autre chose, au bout de 4 ans tout de meme ! Les sorties aidant, il y a bien un jour ou cela devait arriver : je rencontre une fille et plutôt pas mal en plus. La peche prends alors une place moins importante dans ma vie, ce sont les premieres concessions et cela portera ses fruits puisque c’est la femme avec qui je vis actuellement. J’ai mis 1 année entre le moment ou j’ai ouvert les yeux sur le monde qui m’entourait et mes premieres concessions a la peche, et malgré cela, la marche a tout de meme été brutale. Ensuite vient le temps des études supérieures, et me rends compte que la peche et les études ne font pas bons ménages. Je n’ai jamais réussi a aucun moment a apprendre la moindre chose a la peche, mon esprit était trop occupé a vivre ces moments au bord de l’eau et chaque remous me faisais oublier les cours quelques dizaines de minutes. Est venu alors le moment de la deuxieme concession, celle pour les études. Passer une année a pecher occasionnellement est tres frustrant, mais je m’aperçois alors qu’une vie existe a côté, des relations humaines a entretenir, des autres passions naissent, bref il y a une vie a explorer ailleurs. Durant ces années, j’ai peché essentiellement en Saône, j’ai galéré comme je ne les souhaite a personne. Par exemple, j’ai passé un été a pecher avec mes amis Pierrick et Greg sur un poste, du vendredi soir au dimanche soir. Sans un sou, nous amorcions au mais et ne choisissions pas toujours les bonnes solutions. Au bout de cet été (250 heures), un seul poisson se laissera prendre alors que c’est la saison ou j’ai passé le plus de temps au bord de l’eau. Ca laisse a réfléchir … Aujourd’hui je prétends a de belles peches sur la Saône qui m’a tant fait galérer plus jeune. J’ai su trouver les techniques, les approches pour faire régulierement du poisson meme en peu de temps. Le bilan est aujourd’hui positif, et je prends bien plus de poissons alors que je passe bien moins de temps au bord de l’eau. Une chose est sur, c’est que j’ai eu l’inspiration d’entrouvrir les yeux a un moment et j’ai réussi a faire des concessions. Aujourd’hui je suis ce que je suis : un jeune professeur vivant avec son amie depuis 4 années, toujours passionné par la peche de la carpe mais s’ouvrant aussi a bien d’autres choses. Je ne veux pas me mettre sur un piédestal loin de là, mais je pense avoir assez bien réussi ce délicat passage alliant pêche de la carpe, vie sociale, vie sentimentale et vie professionnelle. Apres avoir rencontré de nombreux pecheurs de carpe, je peux vous assurer que ce n’est pas le cas de tout le monde. Et s’ils avaient réussi S'ils n'étaient pas pêcheur de carpes ? La question mérite d’etre posé !
Les bases sont posés, la problématique est lancée : faire de jolies peches mais a quel prix ? Cela fait presque une décennie que je lis la presse spécialisée et je vois encore et toujours les memes titres reveurs : « carton sur le Der », « une folle semaine : 1 tonnes de carpes !!! », « 4 poissons : 20kg de moyenne ! » Ce sont de belles peches effectivement, j’aimerais en faire autant aussi, mais quelle est la part de chance, quels sacrifices ces gens ont-ils fait pour cette peche ? Comme dans chaque passion, les plus en avant sont les plus passionnés, les plus extremes, ceux dévoué a leur passion et je pense que cela fais beaucoup de mal a nos jeunes qui ne savent pas faire la part des choses. A la peche comme ailleurs, la réussite dépend de la préparation que l’on fait. Cela demande du temps et de l’argent. Bien évidemment, nous ne sommes pas égaux devant cela et je ne pourrais jamais le remettre en cause. Mais nous devrions relativiser les choses tout de meme : le mec mérite amplement sa belle peche car il a fait des efforts financiers (ALT de 200kg de billes) et passé un temps fou au bord de l’eau pour amorcer et pecher tout ça. La récompense me direz-vous, mais a quel prix ? Le prix peut-etre de ne pas passer ses week-ends avec femmes et enfants, le prix de manger des pâtes tous les jours pour nourrir également des poissons, le prix de ne pas voir ses amis parce qu’il est a la peche, le prix d’etre celui qui a rater la finale de la coupe du monde et ses fabuleux coup de tete, alors oui il est heureux de faire sa belle peche, mais moi a ce prix la je n’en veux pas ! Plusieurs facteurs rentrent donc en ligne de compte et je vais vous donner quelques réactions que l’on a tous eues en voyant des carpistes bien réussir. Ensuite j’exagere en relativisant les choses. Voyez y un trait d’humour sur un fond pourtant si réel… Le temps disponible
L’argent
La proximité des postes
La vie sociale
Je tire tout de meme mon chapeau a ces pecheurs qui sacrifient beaucoup pour leur passion, ils méritent ces belles peches. Mais a ce prix la, moi, je n’en veux pas. Certes certains font de belles peches sans faire d’énormes concessions, et les vrais bons pecheurs ce sont eux. Les autres paraissent bons, mais leurs résultats sont le fruit de leurs énormes concessions. Pour me rassurer peut etre, je me suis toujours dit que dans les memes conditions, j’aurais surement fait aussi bien et peut-etre meme mieux. Et j’ose avouer que les résultats que j’ai cette année sont le fruit de mon amorçage d’accoutumance. Je jette régulierement plusieurs kilos de bouillettes dans toutes les directions, a toutes les distances et il me suffit alors de jeter au hasard, sans amorcer pour faire des poissons d’une moyenne de 11kg. Ce n’est que le fruit d’un investissement financier de plusieurs dizaines de kilos de bonnes et grosses bouillettes …
Evidement, l’idéal est se rapprocher de 0 sans l’atteindre, et peut s’utiliser a mauvais escient. Mais globalement, le pecheur occasionnel qui fait des jolis poissons sera devant la personne qui passe ses journées a la peche et qui va a force tomber sur une +20kg. Et inversement, celui qui fait des dizaines de départs par jour de petits poissons ne sera pas devant. On a ici un parametre combiné de la moyenne et du rendement, et je pense sincerement que c’est le plus parlant. Peut-etre n’etes vous pas du meme avis, mais j’espere vous avoir clairement présenté mon point de vue sur le phénomene « belles prises » qui pourrit notre passion. Bien des jeunes voient en ces résultats un idéal et cours apres sans profiter des choses comme ils le devraient. A un moment de ma vie j’avais ce meme raisonnement, et heureusement je ne l’ai plus … Je connais un certain nombre de pecheurs, de bons pecheurs, et je peux vous affirmer qu’il est difficile de faire d’excellents résultats et de mener une vie sociale équilibrée. Cette passion est si prenante que vous etes obligé de faire des concessions vie sociale ou peche de la carpe. Regardez au bord de l’eau, regardez les médias, ceux qui font de belles peches sont bien souvent … célibataires ou avec une vie sociale déséquilibrée. Coincidence ? N’empeche que si a chaque fois que vous décrochez votre téléphone c’est pour parler a un carpiste, posez-vous des questions ! Le « carpiste », le mot est enfin lâché. Je déteste ce mot, et le prend pour l’embleme de notre connerie. Comment pouvons-nous vouloir a ce point nous différencier des autres pecheurs ? Nous ne sommes pas des pecheurs ? Pourquoi ne sommes nous pas des pecheurs de carpes tout simplement ? Nous achetons pourtant la meme carte de peche non ? J’ai l’impression que certains ont voulu se démarquer au bord de l’eau, peut-etre pour donner une image neuve et plus sportive de notre peche ? Je pense sincerement que ceci est une mauvaise approche puisque de ce fait les relations sont toujours tendues au bord de l’eau avec les autres pecheurs : nous ne sommes pas des pecheurs comme eux, nous sommes des carpistes ! C’est le deuxieme point que je voudrais soulever, le phénomene d’appropriation apparemment ancré chez certains pecheurs de carpes. Je prendrais pour exemple les premieres pratiques de tatouage de carpe, qui ont dans certains plan d’eau le seul but de dire : « Et oui, moi je l’ai pris avant toi » puisqu’il n’y a aucun suivi scientifique réalisé a la suite des captures. Mais le plus marquant, c’est le poste. Le carpiste se croit absolument tout permis et je ne sais en trouver la cause. Je vais vous donner un petit exemple tout simple : Un carpiste fait son amorçage pendant une semaine pour le week-end. Le week-end est la et notre carpiste arrive sur son poste a 7h et va pecher jusqu’au dimanche soir. Malheureusement, un pécheur au coup s’est installé sur le poste en venant pecher aux aurores et d’ailleurs fait une belle bourriche. Je pense qu’un grand nombre de carpiste estiment légitime le droit de pecher le poste alors qu’il est occupé. Et bien ce n’est absolument pas le cas et j’irais meme jusqu'a dire : « Bien fait, t’avais qu’a te lever plus tôt ». Il n’est absolument pas légitime que pour seul prétexte que le poste était amorcé, on puisse prendre la place de quelqu’un d’autre ! A la rigueur, on peut envisager de parler, de demander la gentillesse, la compréhension, que dis-je, la grâce du mec qui s’est quand meme levé avant vous et qui va se faire chier a déménager parce que monsieur le carpiste voudrait pecher le poste qu’il a amorcé. Combien d’entre vous ont sauté cette étape et réclament désormais le poste puisque c’est le leur, ils l’amorcent. Et bien non, désolé, ce n’est pas le leur, et a la peche la regle d’or est premier arrivé, premier servie ! Et je vous passe les « c’est mon poste, je l’ai trouvé en premier », ou « j’ai fait du poisson en premier dessus, donc demandes moi l’autorisation si tu veux y pecher ». Je me pose tres sincerement plusieurs questions concernant les postes, mais je m’en rends compte apres 9 années tout de meme. Mon état d’esprit est peut-etre extreme desormais, mais je le trouve simplement d’une grande justice. Qu’est ce qui m’empeche de pecher un poste ou un mec fait un amorçage a long terme ? Si je trouve ce poste bien et que personne ne le peche au moment présent, pourquoi je ne pourrais pas le pecher si je le peche proprement ? Je ne vais pas attendre que Monsieur finisse son amorçage et sa peche pour le pecher dans 6 mois tout de meme ? De quel droit une personne pourrait m’en empecher ? Encore une dérive des carpistes, c’est désormais de faire son amorçage aux yeux de tous le monde et de dire : « Si je te vois sur mon poste, je te fais dégager ! ». Et bien non, si tu veux amorcer ton poste sans que personne ne vienne, et bien tu viens amorcer tôt le matin ou tard le soir ! Et si quelqu’un est sur ton poste avant toi, et bien viens plus tôt ! Je pense qu’il vaut mieux essayer le dialogue afin de résoudre ces problemes de postes, et si un des deux est cons et bien c’est simplement le mec qui y était en premier qui y reste tout simplement. Bien des carpistes se permettent désormais d’engueuler des autres pécheurs ou d’autres carpistes, pratique qui leur parait presque légitime. Le carpiste se sentirait-il un super pecheur avec plus de pouvoir ? Le petit pecheur a la ligne qui est sur mon poste et qui ne veut pas partir a totalement raison, je me ferais juste un plaisir d’arriver plus tôt que lui le lendemain matin, ou alors j’irais faire du poisson ailleurs en espérant qu’il me voit dérouler afin de lui rendre la pareille. Restons courtois a la peche, et ne donnons pas ce mauvais exemple comme un acquis aupres de nos jeunes pecheurs de carpes. Sinon bientôt nous ne pourrons plus pecher sans qu’un mec viennent dire que c’est son poste puisqu’il l’amorce, le connaît et y a pris des poissons avant nous… Si quelqu’un sait que je peche a un endroit en y amorçant depuis plusieurs mois et que je le trouve sur mon poste, et bien non je ne lui casse pas la gueule. S’il peche quelquefois par semaine, qu’il ne pourrit pas mon poste de détritus et ne coupe pas les arbres, je ne vois pas de quel droit je pourrais lui dire de s’en aller. Et s’il est la le jour ou j’y suis, je lui demande juste si on peut pecher a 2 dessus et pourquoi pas en se partageant les départs. Et si cela ne me plait pas, je peche ailleurs et me débrouille pour venir avant lui la fois prochaine.
Les relations humaines sont importantes. Nous rencontrerons toujours des gens déplorables mais il y a un souci lorsque nous en rencontrons trop souvent. C’est mon impression lorsque je côtoie les carpistes d’aujourd’hui. Alors je clame haut et fort que notre passion part en dérive, et j’avertis également les jeunes aux dangers de l’addiction pour cette passion. Ce n’est qu’un poisson, la peche procure un bien etre au bord de l’eau mais ne vous enfermez pas a y rester trop longtemps. Prenez conscience qu’un autre monde existe que celui de la bouillette fraise, et croyez moi, je n’ai jamais été aussi heureux depuis que j’allie autres passions, vie sociale et peche de la carpe.
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